Outre la coopération autour du projet médical et du projet soignant partagés, le GHT de Psychiatrie du Nord Pas-de-Calais s’appuie sur la mutualisation de 4 fonctions supports : les achats, les systèmes d’information, l’information médicale et la formation. Cette mutualisation est au service des projets. Elle permet de faciliter la coopération des établissements et des équipes de professionnels, et de renforcer l’efficacité de l’organisation.

Une direction commune des achats

Depuis le 1er janvier 2018, c’est l’établissement support du GHT qui pilote la politique, la planification et la stratégie globale des achats. Il assure la passation des marchés publics et de leurs avenants, ainsi que le contrôle de gestion des achats pour l’ensemble du GHT. « Cela nous garantit plus d’efficacité sur le plan économique bien sûr, et davantage de sécurité juridique aussi », estime Pauline Flori, Directrice des achats du GHT, illustration à l’appui. « Nous avons par exemple étendu, à l’échelle du GHT, un mode d’achat de véhicules qui existait déjà dans l’un des établissements : l’achat avec offre d’assistance intégrée, et reprise à 3 ans. Les prix pratiqués sous cette forme de marché sont fixés au départ et très inférieurs à ceux qui s’appliquent pour de l’achat simple. En complément, la forme du marché a été modifiée : celui-ci est maintenant systématiquement passé via un accord cadre à bons de commande. Cela offre une grande souplesse tout au long du marché et permet à chaque établissement d’acheter tous les véhicules référencés sur ce marché, quand bien même certains besoins n’auraient pas pu être anticipés. Enfin, cette stratégie permet de disposer d’un parc de véhicules rajeunis. » Pour un « gain achat » (l’écart de coût entre la situation de référence et la situation obtenue) de 80 000 euros sur la procédure concernée.

La mutualisation des systèmes d’information : pour mieux échanger

C’est un chantier phare : faire converger les systèmes d’information des quatre établissements vers un système unique et un dossier patient identique. L’objectif est d’améliorer l’accès des professionnels aux informations dont ils ont besoin, de mieux communiquer entre établissements et équipes via des outils et des applications communes. Derrière ces opérations, il y a la volonté de faire progresser la sécurité des soins et des données et de faciliter les parcours des patients entre les établissements. « Une première phase a été réalisée : début 2021, tous les professionnels concernés renseignent le dossier patient de la même manière, et les applications utilisées dans les différents établissements sont similaires. Par ailleurs, les personnes qui travaillent au sein des fonctions mutualisées disposent d’un outil de travail collaboratif », explique Hervé Hiele, Directeur des systèmes d’information du GHT.

« En 2021, nous allons lancer un appel d’offres pour déployer le même logiciel de gestion du dossier patient dans les quatre établissements. Nous allons aussi continuer à prendre part à la mise en œuvre de PREDICE, le portail régional d’échanges sécurisés d’informations entre professionnels et acteurs de santé autour du patient et du médecin traitant. Enfin, dans le cadre du programme HOP’EN (hôpital numérique ouvert sur son environnement), nous sommes en train de travailler à l’élaboration d’un système d’information décisionnel au niveau du GHT », indique-t-il.

Le DIM de territoire : un centre d’expertise sur l’information médicale au niveau territorial

Le Département d’Information Médicale (DIM) de territoire a des missions sensiblement identiques à celles d’un DIM d’établissement, mais l’échelle inter-établissements amène d’autre enjeux et réalités. « L’analyse médicoéconomique de l’activité au niveau du territoire dans son ensemble doit aider à la définition des orientations et prises de décision stratégiques à l’échelle du GHT », explique le Docteur Philippe Paradis, médecin responsable du DIM de territoire. « L’enjeu est aussi de travailler à l’harmonisation des pratiques, pour améliorer la qualité du codage du recueil d’information et de l’information médicale. Nous travaillons aussi en collaboration avec la DSI du GHT sur le développement du dossier patient unique ; notre attention se porte sur la sécurité et la confidentialité des données. » Le DIM de territoire a également pour mission d’accompagner les praticiens et les soignants dans leurs projets de recherche et d’évaluation médicale, en mettant à disposition les données et analyses nécessaires.

La coordination de la formation pour mieux accompagner le développement des compétences et métiers spécifiques de la psychiatrie

La loi prévoit aussi la coordination des instituts et des écoles de formation paramédicale d’une part, et des plans de formation continue et de développement professionnel continu (DPC) au sein des GHT.

À l’échelle du GHT de Psychiatrie du Nord Pas-de-Calais, un certain nombre de réalisations ont été lancées, mais l’essentiel du chantier reste à venir. Parmi les actions coordonnées, on peut citer la mise en place d’un parcours de formation de manager GHT ou l’engagement de 3 infirmiers par établissement et par an dans une formation d’infirmiers en pratique avancée. Par ailleurs, depuis 2020, le marché d’achat de formations est commun pour les 4 EPSM.

L’adaptation et le développement des compétences sont évidemment des sujets d’importance. « C’est aussi pour cela que, dans le cadre du GHT, nous portons auprès des tutelles l’idée qu’une 4ème année de spécialisation d’infirmier en psychiatrie est indispensable, eu égard à la complexification du métier engendrée par les évolutions de la prise en charge en psychiatrie (développement de l’ambulatoire, activité en hospitalisation concentrée sur des cas complexes, etc.) », indique Valérie Bénéat-Marlier.

D’autres idées émergent et pourraient donner lieu à des chantiers phares. Par exemple : développer un centre de formation continue interne, avec des professionnels en poste qui assureraient des missions de formation auprès d’autres professionnels, à l’échelle du GHT. Parmi les perspectives réalisées, la création d'un pôle de recherche : en s’appuyant sur les coopérations historiques des EPSM du GHT avec le CCOMS (Centre Collaborateur de l’Organisation Mondiale de la Santé pour la recherche et la formation en santé mentale) et la F2RSM Psy Hauts-de-France (Fédération Régionale de Recherche en Santé Mentale et en Psychiatrie des Hauts-de-France), « nous avons structuré une direction de la recherche et de l’innovation au sein du GHT », se satisfait Valérie Bénéat-Marlier, Présidente du comité stratégique du GHT.