Le blog du GHT

L’intégration du sevrage tabagique dans la globalité des soins en santé mentale : et si on en parlait ?

Par Dircom

Mois sans tabac

Dans le cadre de son DIU Tabacologue Madame VANDERLYNDEN a réalisé un travail de recherche à destination des professionnels de santé le plus à proximité des patients. Au-delà des freins et des représentations c’est de façon évidente qu’il apparaît dans les réponses que le besoin et le manque de formation entretiennent l’inertie de la prise en charge du tabagisme tout comme son intégration dans la globalité des soins en santé mentale.

Matériel et méthode de la recherche
Un questionnaire auprès des infirmiers, des aides-soignants, des aides médico-psychologiques, des médecins généralistes, des internes, des psychiatres et des psychologues des 4 EPSM du GHT : 244 questionnaires ont été retournés et ont permis ces analyses.

Une présentation de ces travaux a eu lieu à la 18eme rencontre nationale sur le thème de l’addiction le 28 juin 2022 à l’EPSM des Flandres.

(c) visuel source : service-public.fr


Parmi les réponses

  • 66.3% pensent qu’un patient fumera plus en hospitalisation
  • Tout comme 83.5 % pensent qu’il est probable qu’un non-fumeur démarre un tabagisme en hospitalisation

Ce n’est pas le bon moment de proposer un sevrage tabagique en hospitalisation

  • pour 71.3% dans le cadre d’un sevrage d'alcool
  • pour 57.2% dans le cadre d’un sevrage de toxiques
  • pour 83.2% dans le cadre d’une décompensation psychotique
  • pour 79.8% dans le cadre d’un syndrome anxio-dépressif

Autour des questions sur les croyances et représentations 

  • 56.8% ne sont pas d’accord sur l’idée que le sevrage tabagique pourrait entraver la liberté du patient en santé mentale.
  • 59.8% pensent que la cigarette peut apaiser le patient
  • 56.4% pensent que la cigarette peut – être utilisée comme outil de pacification

Les réponses sur le fait que proposer un sevrage tabagique pourrait perturber la relation soignant-soigné sont très hétérogènes. Elles pourraient laisser croire que l’expertise et la formation des soignants leur permettent de trouver d’autres moyens que le tabac pour préserver un climat de confiance et le maintien d’une bonne relation soignant-soignés.

Les freins et représentations du tabac en psychiatrie peuvent être entretenus par un manque d’outils et de formation propre à la spécificité du sevrage tabagique en santé mentale.

La question du sevrage comme opportunité d’une meilleure prise en soin sur la BPCO, le diabète, et le risque cardio-vasculaire est évidente avec

  • une réponse favorable à  96,3%
  • C’est également le cas sur les chances de sevrage des poly-consommations avec 76,6%
  • Et 68,4% sur l’amélioration possible des états anxio-dépressif sur le long terme.

D’un point de vue général il apparait donc que le sevrage tabagique a des répercussions positives sur la santé globale des patients en santé mentale.

L’évaluation de l’expérience des soignants avec ces pathologies est assez fréquente car seulement 8,2% n’ont jamais eu de patients atteints de BPCO, de diabète, ou avec des risques cardio-vasculaires.

Et pourtant, la fréquence de verbalisation d’un souhait d’arrêt est fréquente.

  • 87,7% des professionnels interrogés auraient déjà eu une discussion autour du sevrage tabagique avec un patient.
  • 85,9% savent orienter le patient vers un professionnel spécialisé
  • Et pourtant les patients sont globalement peu orientés avec 63,9% qui le sont occasionnellement

La question n’était peut-être pas de savoir où mais de comment orienter ?

La question concernant le besoin en formation est évoquée avec 82,2% des professionnels interrogés qui ne se sentent pas assez formés.

Tout comme 80,5% des professionnels sont intéressés par des formations afin de pouvoir mieux orienter et accompagner le patient au sevrage tabagique.

La question de la substitution nicotinique dans ces formations est inéluctable ; d’ailleurs seuls 5% des personnes interrogées se sentent tout à fait à l’aise avec l’évaluation du bon dosage et la bonne gestion des substituts nicotiniques

Tout comme il apparait que seulement 25,8% savent que les infirmiers peuvent prescrivent ces substituts alors que cela fait partie de leur décret de compétence depuis 2016.

Selon nous, l’accès à la prescription permettraient une meilleure adhésion des soignants à la proposition et à l’accompagnement du sevrage tabagique dans les différentes structures. Tout comme il est possible qu’elle permettrait également à davantage de patients d’être accompagnés vers le sevrage tabagique.

Seulement 25,5 % portent le sevrage tabagique dans les projets de leurs services.

Nous pensons que ces 25% où le sevrage tabagique fait partie des objectifs de soins de l’unité sont importants. En effet, le terrain y sera favorable pour débuter les sensibilisations et formations tabac des professionnels.

Lorsque la prise en charge du tabagisme fait partie des objectifs de soins des unités, les professionnels se sentent investis (63,6%);

Soit à peu près 8% des professionnels tous confondus.

Quand la prise en charge du sevrage tabagique est portée par le projet de soin du service, les professionnels se sentent investis. Le travail de présentation du projet et de sensibilisation auprès des médecins et cadres des services est impérative.


Madame Vanderlynden a participé aux travaux du comité de pilotage "Vers un GHT sans tabac".
Pour en savoir plus sur le comité de pilotage du GHT de Psychiatrie du Nord Pas-de-Calais : emeric.terron@ghtpsy-npdc.fr